Achat d'une moto ou d'une auto : quels sont les recours après l'achat d'un véhicule en cas de pannes récurentes ou de frais de réparations importants ? Quelles sont les garanties pour une voiture, une moto, neuve ou d'occaion ?
Article 1641 du code civil : Le vendeur est tenu de la garantie à raison des défauts cachés de la chose vendue qui la rendent impropre à l'usage auquel on la destine, ou qui diminuent tellement cet usage que l'acheteur ne l'aurait pas acquise, ou n'en aurait donné qu'un moindre prix, s'il les avait connus.
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CONDITIONS DU VICE CACHE AUTOMOBILE par le Cabinet de Passy, Avocat |
I./ Un défaut du véhicule
Il ne suffit pas que le véhciule acheté (voiture neuve ou voiture d'occasion) ne présente pas toutes les qualités attendues pour pouvoir invoquer la garantie contre les vices cachés. L'usure normale, la vetusté sont ne sont pas des défauts permettant d'invoquer le vice caché. De même, la mauvaise utilisation ou dans des conditions anormales (usage d'un véhicule en compétition par exemple) entraîneront l'exclusion de la garantie. Mais il appartiendra le cas échéant au constructeur de prouver la mauvaise utilisation : Honda refuse pas exemple la prise sous garantie des problèmes de boite de vitesse sur les Goldwing en invoquant l'usage anormal en "taxi moto". Or, le carnet de garantie ne prévoyant pas une telle exclusion, la garantie est due.
II./ D'une gravité suffisante
Les défauts invoqués doivent être d'une certaine importance. La loi exige que ces défauts rendent la chose « impropre à l'usage auquel on la destine » ou, du moins, « qui diminuent tellement cet usage, que l'acheteur ne l'aurait pas acquise, ou n'en aurait donné qu'un moindre prix, s'il les avait connus ».
Les juges du fond ont un pouvoir souverain en la matière. Cela signifie qu'ils sont libres d'apprécier ce qui peut constituer "la diminution de l'usage". Ainsi, un bruit parasite dans un véhicule peut permettre de continuer à rouler mais diminuer fortement l'usage. (Voir : Cass. civ. I, 3 mars 1992, 90-17040).
Dans d'autres situations, l'usage normal du véhicule n'est plus possible du fait des vices invoqués : pannes répétées, bruit important, sécurité compromise, montant de la réparation important, ... Si la panne est facilement réparable à un moindre coût, le vice caché ne sera pas retenu. Selon que le véhicule est neuf ou d'occasion, selon l'âge du véhicule, le kilométrage important du véhicule, le juge appréciera avec plus ou moins de sévérité la gravité du vice allégué. On est effectivement en droit d'attendre d'un véhicule neuf qu'il soit irréprochable.
En revanche, lorsque le véhicule totalise un kilométrage important et qu'il a été acquis à un coût en dessous du marché, la preuve du vice caché sera moins aisée à rapporter.
III./ Qui doit être caché
Le défaut doit être caché, occulte et ainsi inconnu de l'acheteur au moment de la vente. Si le vice est apparent ou connu de l'acheteur, celui-ci ne saurait s'en plaindre ultérieurement. En effet, il n'est pas normal qu'un acheteur qui a fait l'acquisition d'un véhicule atteint d'un vice caché en toute connaissance de cause et souvent à un prix inférieur au marché, puisse ensuite se rétracter. Ce sera au vendeur de prouver qu'il avait informé l'acheteur du vice caché affectant la voiture ou la moto. Cela lui sera d'autant plus aisé s'il a pris la précaution de se faire remettre un document par l'acheteur mentionnant le défaut ou le mauvais état du véhicule.
Ainsi, lorsque le rapport de contrôle technique révèle un défaut de stabilité du train avant, que l'acheteur s'était rendu compte lors de l'essai du véhicule d'un comportement anormal, le vice caché ne peut être retenu. (C. cass. civ 1 - 21 mars 2000 pourvoi 98-12285)Le vice caché est celui qui n'est pas visible pour un profane, ou qui nécessite un démontage ou un usage dans des conditions particulières.
Selon qu'il s'agit d'un acheteur profane ou d'un acheteur professionnel, l'appréciation du caractère "caché" du vice par les tribunaux ne sera pas la même. On attend de l'acheteur profane qu'il fasse les vérifications minimales, élémentaires, alors que l'acheteur professionnel sera regardé le plus souvent comme pouvant déceler le vice.
Toutefois, il convient de distinguer si l'acheteur professionnel a acheté dans le cadre de sa profession ou en dehors. Lorsque l'acheteur professionnel a la même spécialité que le vendeur, les tribunaux se montrent d'une particulière sévérité pour admettre le vice caché. Si le vice était indécelable, la garantie doit jouer.
Enfin, quant à savoir si le vendeur avait connaissance du vice, cela est indifférent : quand bien même le vendeur est de bonne foi et qu'il n'avait pas eu connaissance du vice, cela ne saurait écarter la garantie.
IV./ Et antérieur à la vente
Le vice caché doit être antérieur à la vente. C'est à l'acheteur de le démontrer. Il suffit qu'il établisse que le vice existait "en germe" antérieurement à la vente.
Concernant les véhicules d'occasion, il faut faire la distinction entre la panne, le défaut résultant d'un vice caché et celui résultant de l'usage du véhicule. En effet, si l'on est en droit d'attendre d'un véhicule flambant neuf ou "jeune occasion" qu'il marche parfaitement, tel n'est pas le cas face à un véhicule âgé, au kilométrage avancé et dont, nécessairement, la mécanique est usée.
Les juges tiennent donc compte du kilométrage lors de la vente et considèrent dès lors que l'acheteur court le risque d'avoir à effectuer des réparations au cours des mois à venir lorsqu'il s'agit d'un véhicule d'occasion : c'est l'usure normale de tout véhicule et l'ont ne saurait se plaindre d'un vice caché en cas de panne.
C'est le rapport d'expertise, le rapport de contôle technique qui mettra éventuellement en évidence que les dégradations ou les détériorations sont la conséquence d'une usure né de l'âge et de l'usage du véhicule.
Toutefois, un état d'usure anormal, des conditions d'utilisation sévères par le vendeur, constituent des vices qui ne sont pas apparents pour l'acheteur simple particulier. Ainsi, lorsque les défauts ne peuvent être révélés qu'après expertise, même en présence d'une automobile vétuste, les tribunaux retiennent le vice caché.
Au vu de ces éléments, l'acheteur d'un véhicule automobile atteint d'un vice ou d'une moto défectueuse, doit, s'il considère qu'il y a vice caché, adresser immédiatement un courrier recommandé à son vendeur pour lui signaler les défauts apparus. En cas de contestation du vendeur sur le caractère de "vice caché" ou simplement, en l'absence de réponse, il conviendra de faire expertiser le véhicule. L'expertise peut être amiable, sans recours à un Tribunal, ou ordonnée judiciairement. - L'expertise amiable L'expertise amiable ne permettra pas toujour de se passer de l'expertise judiciaire : ce sera le cas si l'autre partie n'a pas été convoquée aux opérations d'expertise. L'expertise non judiciaire doit en effet être contradictoire pour être recevable par un tribunal. C'est ce qu'a énoncé clairement la Cour de cassation dans un arrêt du 28 septembre 2012 : "Mais attendu que si le juge ne peut refuser d’examiner une pièce régulièrement versée aux débats et soumise à la discussion contradictoire, il ne peut se fonder exclusivement sur une expertise réalisée à la demande de l’une des parties". En clair, le Juge ne peut pas se fonder exclusivement sur un rapport d'expertise amiable. Au vu du rapport d'expertise, les chances de succès d'une action judiciaire seront alors fixées : le juge suivra dans la plupart des cas, les conclusions du rapport.
Maître FARAJALLAH, du Cabinet de Passy, avocat au Barreau de Paris depuis plus de vingt ans, se tient à votre disposition pour examiner les chances de succès de votre action en garantie contre les vices cachés.
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